[Fiche] Biographie Lecture 1 : Albert Cohen (autre fiche)

Séquence Autobiographique : Lecture 1 – Albert Cohen Le Livre De Ma Mère

Dans l’autobiographie d’Albert Cohen écrite en 1954, apparaît un paradoxe entre le contenu et le titre. En effet, il s’agit en apparence d’une biographie de sa mère puisqu’elle est intitulée Le livre de ma mère. (le titre pourrait aussi évoquer la torah, livre religieux des juifs, transmis, selon leur religion, par la mère). Or, l’on remarque rapidement que les seules fois où il évoque sa mère lui permettent d’exprimer sa souffrance. Une souffrance causée par la mort de cette dernière, certes, mais cela n’exclut pas le fait qu’en définitif il ne parle que de lui. Ainsi, Albert Cohen souffre et l’exprime par écrit afin de se souvenir de sa mère + lui rendre hommage. Dans son œuvre, l’expression de la douleur est omniprésente. L’écrivain se soulage et se confie. En quoi l’introspection donne lieu à une réflexion sur l’acte d’écrire ? Dans un premier temps nous regrouperont tout les aspects caractéristiques d’une autobiographie ; puis nous analyserons l’expression des sentiments notamment celle de la douleur. Enfin, nous étudierons l’art poétique et la représentation de l’écrivain.


I. L’autobiographie
1) Le statut de la personne, du narrateur : je tu il...
? Utilisation de nombreux pronoms pers. Qui renvoient au même individu : le narrateur
? Chaque pronom correspond à une personnalité différente de l’écrivain
Je : douleur de l’écrivain
Tu : pr convaincre et présenter le « je » au futur
Il : jugement de l’enfant ; enfant qu’il était.
? 1ere personne = la personne heureuse
3eme personne = enfant qui est en lui, comme le voyait sa mère : « le pauvre perdu » + langage enfantin (répétition « méchant » 2fois) ligne 3
? Un adulte se retrouve ds le corps d’un enfant

2) Destinataire du texte ; un autre tu.
? « Ame, ô ma plume… »l.30 = synecdoque car « âme » = fondement de tt
? Ame = partie de la plume qui distribue l’encre au stylo
? Ame = inspiration de l’auteur, sa plume apparaît comme sa confidente, son amie
? apostrophe qui montre le plaisir qu’il éprouve lorsqu’il écrit
? il évoque sa plume comme étant son inspiration : « redeviens cursive… cette
Inspiration n’est pas bonne»

Transition : par la présence de la plume, on comprend alors que l’acte d’écrire est vital, car il permet le lyrisme, l’expression de la souffrance.

II. la douleur
1. hantise due à la mort de sa mère
? la mort de sa mère est tt d’abord une source d’inspiration, c’est ce qui le pousse à écrire cette autobiographie. Mais c’est surtt la principale cause de sa souffrance : cette mort le hante
? « maternel fantôme »
? « sujet interdit de la nuit » = phrase nominale qui renforce l’angoisse à chaque vision de la mère. Les phrases courtes marquent un halètement typique de la douleur.
? permet d’insister sur la souffrance ainsi que la répétition du mot « arrière» + traduit une forme de violence, un cri impulsif
? cette souffrance est mise en relief par l’utilisation d’un registre lyrique qui permet l’exaltation des sentiments, et d’un registre pathétique permettant la lamentation et la douleur
? « dort » est répété = euphémisme, reflète le sommeil éternel, la mort ? hantise


2. écriture = consolation
? « Oui, les mots, ma patrie, les mots, ça console et ça venge » (l.10)
? l’écriture est sa seule conolation

? « pour quelques minutes, dans une petite oasis bourgeoise que je savoure »
? Bonheur temporaire
? « mais un malheur est dessous, permanent, inoubliable »
? Malgré les qques instants de bonheur, c’est la douleur qui domine, qui subsiste. Voir opposition des marqueurs de temps.

3. Culpabilité
? Cohen souffre de la mort de sa mère
? il écrit donc puisque c’est ce qui l’inspire ? cela lui permet d’avoir quelques moments de bonheur ? mais il culpabilise d’être heureux ? ce qui engendre sa souffrance
= cercle vicieux
? Cohen ressasse sa douleur
? « Chaque homme est seul » (l.1) cette phrase peut être assimilée à un proverbe
? utilisation du présent général qui donne un caractère universel à cette douleur
? incantation pour exprimer sa douleur (l.15-17) « parce que…et…et…et…et »

Transition : au-delà de la douleur, ce qui intéresse Cohen, c’est une réflexion sur la l’écriture. En effet, ce texte permet de représenter l’auteur en train d’écrire

III. Représentation de l’écrivain, Art poétique
4. cliché
? l’auteur fait un stéréotype de l’écrivain en train d’écrire
? « devant ma table de travail, parce que …du café chaud et une cigarette…près du feu » (l.15à18)
? il se représente sur son bureau avec sa plume, son café, près de sa cheminée et buvant sa tasse de café comme on pourrait imaginer tout écrivain en pleine création
? Cohen représente aussi la solitude d’un écrivain qui se met dans sa bulle pour écrire
? « chaque homme est seul » (l.1)
? utilisation d’un pvg qui généralise et donne un caractère universel à cette solitude que tout homme et notamment tout écrivain ressent dans sa douleur
? « et nos douleurs sont une île déserte »
? l’écrivain se sent seul dans sa souffrance
? cette solitude passe aussi par un repli sur lui-même « il a peur du dehors… les méchants du dehors »
? étant issu d’une famille juive s’étant installée en France durant une période où l’antisémitisme est fort, cela engendre chez Cohen une peur de l’autre et donc un repli sur lui-même

5. Commentaire- autocritique
? « ne fais pas d’aussi longues virgules, cette inspiration n’est pas bonne » (l.23)
? il critique donc la manière dont il écrit qui d’après lui est mauvaise. Le commentaire se fait métalinguistique (quand on écrit sur ce qu’on écrit)
? « redeviens cursive et non hésitante » (l.28)
? il avoue qu’il écrit moins bien qu’avant et qu’il a perdu de sa clarté
? Dans un texte autobiographique, on s’attend à un récit. Or, ici, il ne fait que commenter et critiquer. Le seul moment où il « raconte » c’est quand il parle de sa mère
? aussi, le temps dominant dans une autobiographie c’est le passé, ici c’est le présent qui domine
? en critiquant et commentant, l’auteur finit par trouver une solution ; la feinte et le sourire



6. Sincérité

? (l.36) « n’oublie pas de sourire »
? répétition du mot sourire
? « sifflote un peu pour croire que tout ne va pas si mal » (l.35)
? il s’efforce donc à sourire et paraître bien ce qui constitue une sorte de mensonge. Il annonce donc qu’il n’est pas sincère et que plus tard dans son récit, lorsqu’il va raconter des évènements heureux, il ne fera que mentir. Il faut absolument évoquer ici les anaphores de “souris”. L’écriture devient un mensonge artistique.
Il s’agit donc d’une part d’une rupture du pacte de la sincérité. Cependant, le fait qu’il avoue ne pas être sincère est en sois sincère.


Ainsi, le livre de ma mère ne reflète en aucun cas le livre de sa mère, mais au contraire permet à Albert Cohen d’y exposer sa propre vie. Celui-ci se lamente sur son sort, la mort de sa mère. Il nous fait part de son état, de son moral à un moment bien précis de sa vie. L’on remarque cependant qu’il ne s’agit pas d’un récit rétrospectif en prose, pourtant caractéristique de l’autobiographie. Dans Chêne Et Chien, Queneau ne respecte pas non plus le pacte de l’autobiographie puisqu’il l’écrit sous forme de poème.