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 [Fiche] Baudelaire

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proslim
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MessageSujet: [Fiche] Baudelaire   [Fiche] Baudelaire EmptyMar 13 Juin - 2:54

Fiche Baudelaire

Introduction :

* Charles Baudelaire naît dans la bonne bourgeoisie parisienne. Enfant rebelle après son bac, on veut qu’il soit diplomate. Il se déclare écrivain et se noie dans la bohème littéraire. Sa famille l’expédie en Inde où il se nourrit d’images et de parfums exotiques.
Ses trois muses sont l’actrice Jeanne Duval, Apollonie Sabatier et Marie Daubrun.

* Ce sonnet appartient aux tableaux parisiens, il est donc lié à l'inspiration de la vie. L'univers urbain offre à Baudelaire des sujets de description, de narration, de réflexion. Mais le poète ne reste pas extérieur au spectacle de la rue. Il y participe à la recherche de rencontres décisives en quête de symboles qui font de ces spectacles et de ces rencontres les reflets d'un monde complexe, celui de la condition humaine, celui de sa propre vie. En ce sens, chaque rencontre est importante.

* Présentation du poème : Le sonnet est construit sur un thème romanesque, celui de la rencontre. Mais il est traité dans une tonalité typiquement baudelairienne. On trouve l'éblouissement de l'attirance féminine, la recherche d'une nouvelle espérance pleinement heureuse et l'échec d'une relation qui laisse le poète désemparé.

Structure :
• Les deux quatrains donnent successivement une vision de la rue d’abord, puis de l’inconnue vue de loin d’abord, puis gros plan sur son visage, ses yeux surtout, alors qu’ils se croisent.
• Dans les tercets le poète s’adresse à cette femme qui est irrémédiablement passée et s’interroge sur des futurs possibles avant de faire un double constat d’échec.

* Problématique : dans quelle mesure cette rencontre est-elle emblématique du concept de la beauté baudelairienne ?

* Plan :
A- La violence de la rencontre. B- L’image de la femme. C- Echec amoureux programmé.


I . La violence de la rencontre

a) le contexte de la rue

Avant même d’évoquer les circonstances précises de la rencontre, le titre de la partie du recueil concernée (« Tableaux parisiens ») et celui du sonnet nous indiquent qu’il s’agit d’un univers urbain. En effet, Baudelaire arrête son regard sur « une passante » aperçue dans Paris. Dans ce poème, c’est aussi sa propre vision de la ville que le poète nous invite à partager, vision qui s’avère plutôt péjorative comme nous allons le souligner.
En effet, Baudelaire situe cette rencontre dans un contexte particulièrement agressif. La première phrase traduit la violence de cette atmosphère. La coïncidence du vers et de la phrase donne à cette dernière une extraordinaire densité qui fait ressortir le tumulte environnant : « la rue assourdissante autour de moi hurlait » (voir analyse de la personnification). Le vocabulaire choisi montre à quel point le vacarme semble insupportable au poète. Il accentue l’idée d’enfermement en plaçant l’expression « autour de moi » au milieu de deux termes relatifs au bruit : « assourdissante » et « hurlait ». Qui plus est, on peut remarquer le choix des sonorités, en particulier les assonances en « u ; ou » et les allitérations en « r ; s » qui renforcent l’impression d’un vacarme intolérable.


b) la violence du « coup de foudre »

Au milieu de cet environnement lui-même agressif, la rencontre fait l’effet d’un véritable choc : « un éclair... puis la nuit ! ». Toute la violence de la vision est résumée dans cette expression qui associe de manière antithétique deux termes qui évoquent des univers opposés. A la lumière fulgurante et brutale de « l’éclair » (on note bien-sûr le rapprochement implicite avec la foudre), Baudelaire oppose immédiatement le noir et l’obscurité totale du mot « nuit », comme si précisément une lumière d’une telle intensité l’avait ébloui et rendu aveugle. Qui plus est, cette impression est confirmée par l’utilisation de l’adverbe « puis » précédé des points de suspension qui semble indiquer la succession des événements dans le temps, l’un étant la conséquence de l’autre. Par ailleurs, la violence de cette apparition est encore soulignée par la ponctuation : ici, Baudelaire utilise l’exclamation. Enfin, il prend soin de placer le mot « nuit » à la césure et de le faire suivre d’une pause dans la lecture indiquée par l’emploi d’un tiret. Il le met ainsi particulièrement en relief et insiste sur le vide, le néant qui succède à cet éblouissement.


De plus, une violence latente apparaît ailleurs dans le sonnet, notamment au travers de termes comme « extravagant ; ouragan ; tue ; soudainement ». Elle n’est donc pas seulement relative à la rencontre elle-même, elle caractérise aussi l’état d’esprit du poète et ce qu’il perçoit dans le regard de la femme qu’il contemple. L’écriture baudelairienne, dans Les Fleurs du Mal en particulier, contribue à mettre en relief ces tensions internes, entre deux points extrêmes : le bien et le mal, la vie et la mort, l’amour et la violence...


II . L’image de la femme.

a) la beauté de la passante

Dans les trois derniers vers du premier quatrain et le premier vers du deuxième, Baudelaire décrit la passante qu’il observe. Il souligne sa beauté en mettant d’abord en valeur sa silhouette longiligne avec les adjectifs « longue » et mince ». Le rythme du vers lui-même semble insister sur la grâce de cette femme. En effet, les groupes syllabiques vont croissant ; cette cadence majeure fait ressortir la noblesse de la démarche de cette passante, sa distinction.

La même idée est reprise dans le premier vers du deuxième quatrain : « agile et noble, avec sa jambe de statue ». La métaphore utilisée par Baudelaire qui rapproche cette femme d’une oeuvre d’art met en relief sa beauté parfaite, sculpturale. Baudelaire met en lumière la légèreté des mouvements de cette passante qui font une grande part de son charme : « soulevant, balançant ; agile ». Sa démarche ressemble à une danse tant elle est gracieuse.
Par ailleurs, le poète détaille également la tenue vestimentaire de la passante dont il montre l’élégance : « le feston et l’ourlet ». L’adjectif « fastueuse », bien qu’il qualifie la main de la femme, connote le raffinement, la richesse. De plus, l’expression « en grand deuil » qui indique que cette passante est habillée de noir, contribue encore à mettre en évidence son allure distinguée et digne d’une reine : on peut ainsi relever l’emploi de l’adjectif « majestueuse ».


b) une femme mystérieuse et duelle

Pour une part, le charme de cette passante tient sans doute au mystère qui l’entoure. En effet, ni le titre du sonnet ni le poème lui-même ne donnent d’indications précises sur l’identité de cette femme. On remarque d’ailleurs l’utilisation que Baudelaire fait des articles indéfinis : « à une passante ; une femme ». Qui plus est, le poète se contente de la voir et de la décrire mais il ignore tout de cette femme. Ainsi apparaît-elle « en grand deuil » sans que le poète puisse témoigner de son histoire. De même, la fin du sonnet laisse une grande part d’incertitude quant au devenir de cette femme : « ne te verrai-je plus que dans l’éternité ? ; j’ignore où tu fuis ».

En outre, le mystère et le trouble suscités par cette passante sont renforcés par la dualité de sa personnalité sur laquelle Baudelaire insiste. En effet, il souligne d’une part la « douceur qui fascine » et d’autre part « le plaisir qui tue ». La proximité de ces expressions réunies dans un même vers exacerbent le contraste, de même que le parallélisme de la construction de l’alexandrin : nom / pronom relatif / verbe. Cette forte contradiction qui définit souvent la femme dans l’univers baudelairien est reprise dans l’évocation de son « oeil » par la métaphore céleste : « ciel livide où germe l’ouragan ». Grâce à cette image, le poète met en relief une violence terrible et destructrice dissimulée sous une apparente quiétude.

Baudelaire montre donc l’extraordinaire pouvoir de vie et de mort de la femme, notamment dans le vers suivant : « dont le regard m’a fait soudainement renaître ». Ce seul instant semble l’avoir profondément bouleversé et fait sortir de sa léthargie.

III . Un échec amoureux « programmé ».

a) mouvement et immobilité

Cette rencontre amoureuse semble vouée à l’échec avant même d’avoir pu commencer. En effet, le titre lui-même : « à une passante » évoque déjà une impossible communication. Il suggère avant tout le caractère bref et éphémère de cette rencontre ; la femme ne fait que passer, elle ne s’arrêtera pas. C’est pourquoi le verbe passer est repris dans le premier quatrain : « une femme passa », faisant directement écho au titre de ce sonnet. De plus, la disparition inéluctable de la passante est soulignée par l’idée de fuite mentionnée à deux reprises : « fugitive beauté ; tu fuis ». Elle est mise en relief par la structure même du poème, en particulier avec l’enjambement des vers 9 et 10 qui semble l’accentuer.

Outre cette fuite irrémédiable, deux constantes opposent tout au long du sonnet le poète et la femme qu’il observe. En effet, tandis que la « passante » est, comme son nom l’indique, caractérisée par le mouvement, le poète lui, est condamné à l’immobilité : « moi, je buvais, crispé comme un extravagant ». Ce vers, mis en relief par le pronom personnel du début qui marque une rupture avec ce qui précède, souligne la fixité de l’observateur, probablement assis à la table d’un café. Les adjectifs « crispé » et « extravagant », plutôt péjoratifs ici, trahissent l’état de tension interne du poète, incapable de rien faire. Le narrateur a une réaction émotionnelle incontrôlée. La comparaison au vers 6 "comme un extravagant" souligne l'opposition des attitudes entre "elle" et "lui".

b) le poids de la fatalité

Si dans les deux quatrains, Baudelaire parle de la passante à la troisième personne du singulier, dans les deux tercets au contraire, il emploie la deuxième personne du singulier : « ne te verrai-je plus ; tu fuis ; tu ne sais ; ô toi » comme s’il s’adressait directement à cette passante. Or, son discours est finalement tourné vers lui-même et ne trouve aucune réponse auprès de la femme à laquelle il est destiné. Il se livre en quelque sorte à une introspection qui s’achève sur un constat d’échec. Incertitude du futur terrestre par rapport à la certitude de cet au-delà : ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Remarquer la gradation, dans l’espace d’abord, puis dans le temps (le temps est la 4e dimension) qui prend le relai de l’espace pour bien montrer l’éloignement irrémédiable.

D’ailleurs, plus que le récit quasi anecdotique du début, la fin du sonnet prend une dimension symbolique. Elle montre la présence d’une fatalité contre laquelle le poète ne peut pas lutter. On relève ainsi dans le dernier tercet de multiples phrases exclamatives qui souligne le destin tragique des êtres qui ne se rencontreront jamais vraiment : « Ailleurs, bien loin d’ici! trop tard! jamais peut-être! ». Elles mettent aussi en évidence le pessimisme de Baudelaire et son amertume : « ô toi que j’eusse aimée, ô toi, qui le savais ! ». Le conditionnel passé du dernier vers, de même que le parallélisme de la construction et l’égalité des deux hémistiches, marque le désespoir du poète, sa lucidité sur une triste condition humaine.


Conclusion :

Dans ce sonnet, Baudelaire exprime des sentiments violents, poussés à leur paroxysme. D’abord, c’est un contexte agressif et bruyant qui est le cadre d’une rencontre amoureuse qui s’avère très décevante et frustrante pour le poète. Ephémère et inattendue, elle est vouée à l’échec avant même d’avoir pu se construire. Confronté à une image de la femme à la fois séductrice et destructrice dont il souligne la contradiction intrinsèque, le poète est renvoyé à son propre échec. C’est alors l’occasion pour lui de peindre une allégorie de la condition humaine dont il traduit la solitude et la vanité.

Ce sonnet fait une sorte de synthèse de différents aspects du spleen baudelairien et de l’image de la femme:
• Le poète est en proie au spleen, mais il laisse échapper une chance d’échapper à sa solitude
• La femme associe douceur et plaisir, ce qui fait vivre et ce qui tue.
• L’image de sa beauté est sculpturale et mouvante en même temps
• Le tableau parisien est suggestif, quoique rapide : l’individu isolé au milieu d’une foule bruyante. C’est un thème que l’on retrouve dans spleen de Paris. Le poète touche le lecteur car il rapporte une expérience qui a pu être vécue par bien des lecteurs, et il le fait d’une façon très belle (sans pleurer sur son sort).
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